Comment Bien Comprendre les Cotes du Pot
La plupart d’entre nous sait ce que sont les cotes du pot et ce qu’elles impliquent. Elles représentent le montant que nous risquons par rapport à la taille du pot, ce dernier étant l’objectif. Ce que beaucoup de joueurs négligent est en fait comment utiliser les cotes du pot dans un processus de réflexion à chaud. Beaucoup de décisions au poker sont assez proches entre investir de l’argent et s’abstenir. Une petite différence dans les cotes du pot peut changer drastiquement la value d’un call. A court terme, le swing peut ne pas être énorme. Mais en jouant des milliers de mains de cette façon, les conséquences peuvent être gigantesques.
Faire Face à des Mises à la River
Le moyen le plus simple d’aborder les cotes du pot est de limiter le nombre de facteurs à prendre en compte. A la river, si nous décidons de payer une mise face à un joueur, il n’y a plus de cartes à venir ni d’actions à envisager. Cela signifie que notre décision est « pure ». Nous récupérerons toujours le montant exact du pot en cas de victoire, pas plus, pas moins. Par conséquent, nous pouvons utiliser la formule suivante pour voir à quelle fréquence nous devons payer pour être à jeu. Les cotes du pot dans cette situation sont directement en lien avec notre équité. Nous appellerons le pourcentage de call requis pour être break even notre Equité requise.
Equité Requise = Montant Risqué / (Pot Total après la mise de l’adversaire + Montant Risqué)
Votre adversaire mise 40 dans un pot de 60 à la river et vous réfléchissez à payer avec ce qui ressemble à un bluff catcher, une main qui ne bat pas les mains en value de votre opposant mais qui gagnera toujours face à ses bluffs. La première étape est de calculer notre équité requise :
Equité Requise = 40 / (100 + 40) = 28,5 %
La première étape est très importante. Inconsciemment, notre esprit veut en général avoir plus de 50 % d’équité. Ceci est dû au fait que, dans la vie, on veut toujours faire plus de bien que de mal. Dans ce spot à la river, si nous perdons 2 fois sur 3, nous avons un call profitable grâce aux cotes du pot. L’erreur la plus classique dans ce calcul est d’oublier d’ajouter la mise de l’adversaire avant de calculer le montant que vous risquez. Etant donné que vous récupérez votre investissement si vous gagnez, il fait aussi partie de la récompense. Si vous pensez que votre adversaire a beaucoup de bluffs dans cette situation, les cotes du pot rendent le call clairement gagnant.
Payer avec des Tirages
Avant la river, un call ne met pas fin à l’action dans une main. Cela signifie que plusieurs autres facteurs entrent en considération et vous devez les prendre en compte. Le premier concerne les cotes implicites. Pensez aux cotes implicites comme un boost aux cotes du pot. C’est l’argent que vous pourrez prendre à votre adversaire sur les cartes suivantes si vous touchez votre tirage. Imaginez que vous avez un tirage couleur à la turn et que vous faites face à une mise de 75 dans un pot de 100. Vous pensez que la range de votre opposant est composée uniquement de top paires et mieux. Vous devez donc toucher votre couleur pour gagner la main. Vous pensez également que si vous touchez, vous pourrez, en moyenne, extraire une mise de la taille de la moitié du pot à la river. Nous appellerons cette mise à la river de la moitié du pot notre Bonus des Cotes Implicites (BCI) et l’ajouterons au calcul de notre équité requise.
Equité Requise = Montant Risqué / (Pot Total après la mise de l’adversaire + Montant Risqué + BCI)
Dans ce cas, le BCI représente la moitié du pot à venir, soit la moitié de 250, soit 125.
Equité Requise = 75 / (175 + 75 + 125) = 20 %
En utilisant la règle qui consiste à multiplier ses outs par 2 sur une street (et par 4 sur 2 streets), nous obtenons 18 % d’équité.
9 x 2 = 18 %
Nous sommes trop justes de 2 points et nous devrions nous coucher ici, même avec le bonus des cotes implicites. Si toutefois nous pensons que notre adversaire est susceptible de payer une plus grosse mise à la river, alors ce spot peut rapidement devenir un call profitable.
Payer des 3-Bets
Une des utilisations les plus classiques des cotes du pot se produit pré-flop, en particulier quand nous faisons face à un 3-bet après avoir relancé. A ce stade, il est très compliqué d’effectuer un calcul précis. Nous pouvons toutefois estimer quelle part du pot nous allons pouvoir récupérer si nous payons. Notre Equité Requise dans ce cas précis peut être renommée en pot entitlement (la part du pot à laquelle vous avez droit). L’équité n’est plus le seul facteur qui entre en ligne de compte pour calculer notre espérance de gain à payer ce 3-bet. L’équation reste toutefois la même.
Pot Entitlement = Montant Risqué / (Pot Total après la mise de l’adversaire + Montant Risqué)
Imaginons que vous relancez à 3 € avec AhTh depuis la petite blind et la grosse blind vous 3-bet à 9 €.
Pot Entitlement = 6 / (12 + 6) = 33 %
Vous pouvez payer ce 3-bet si vous pensez pouvroir gagner une fois sur 3 ce pot, voire plus. Même si vous êtes hors de position, votre main est très forte dans une situation petite blind contre grosse blind. Vous pouvez vous attendre à ce que votre adversaire 3-bet beaucoup de mains contre lesquelles votre main est devant. Même si vous ne pensez pas pouvoir gagner le pot plus d’une fois sur 2, là où votre esprit naturel vous recommanderait de fold, payer est une bien meilleure option tant que l’autre joueur est suffisamment agressif dans ce spot. On en revient aux cotes du pot et au peu d’équité finalement nécessaire pour voir votre investissement revenir à vous.
Conclusion
Avec le temps et l’expérience, vous apprendrez à bien analyser les cotes du pot et quelles conséquences elles ont sur la profitabilité d’un investissement. Dans cet article nous n’avons fait que gratter la surface, mais la situation est plutôt claire. Plus nous nous approchons de la river, plus les cotes du pot sont liées à notre équité par rapport à la range de notre adversaire. En début de main, les cotes du pot nous donnent une idée générale de comment doit se comprter notre main. Mais la présence d’autres facteurs fait que ces cotes ne peuvent finalement qu’être estimées, et non calculées de façon précise.
