Stratégie en Début de Tournoi sur le Sunday Special

Vous venez de remporter votre ticket pour le Sunday Special. Vous êtes prêt mentalement et bien reposé. Vous avez de quoi vous sustanter à portée de main et le tournoi est sur le point de commencer. Alors, comment aborder les premiers niveaux ? C’est ce que nous allons voir dans cet article.

Au coup d’envoi, les tapis sont très profonds. Cela implique plusieurs choses :

  • Nous avons de bonnes de chances de rester à cette table, avec les mêmes adversaires, pendant un long moment.
  • Nous devons chercher les meilleurs spots pour accumuler des jetons tout en protégeant notre tapis dans les situations plus incertaines.
  • Les contre-temps en début de tournoi ne sont pas très importants, donc pas de panique si ça arrive.

 

Tout d’abord, avec des tapis très profonds lors des premiers niveaux, il est logique de présumer que nous allons jouer à cette table, avec ces adversaires, pendant un temps plus long que sur n’importe quelle autre table pendant ce tournoi. Développer des reads rapidement est d’une grande importance pour tenter de profiter de chaque situation. Voici ce que vous devriez observer à propos des joueurs à votre droite :

  • Comment s’engagent-ils dans une main ? Est-ce qu’ils limp/call our relancent-ils la plupart du temps ? Notez les mains avec lesquelles ils vont au showdown, et avec tout ça vous devriez déjà avoir une bonne idée de leur « stratégie » pour vous ajuster et l’exploiter.
  • Les joueurs qui limp, payent-ils les relances ? Se couchent-ils ? S’ils payent, comment jouent-ils après le flop ? Si vous voyez quelqu’un limper en début de parole, payer une relance, puis payer sur un board KJ739 avec une main comme 76o, alors vous savez déjà que c’est un joueur loose/passif et plutôt calling station. Relancez pour l’isoler après ses limps avec de grosses mains. Misez pour value avec vos gros jeux, mais ne le bluffez pas, ça ne marchera pas contre ce profil de joueur.
  • Les joueurs qui relancent pré-flop, faites attention aux mains qu’ils jouent en début de parole. Alors que la plupart des joueurs vont élargir leur jeu en fin de parole, ils devraient être beaucoup plus serrés en début de position. Si vous voyez un joueur qui a relancé en debut de parole dévoiler des mains comme 54s, J8s, KJo ou moins bien, vous avez là une belle opportunité. Ce joueur relance bien trop large pour se défendre correctement face à des 3-bet. Il devra soit se coucher trop souvent, soit continuer avec des mains inadaptées trop souvent, hors de position, face à votre agression. De plus, vous pourrez plus facilement l’isoler avec vos 3-bet qu’un adversaire qui limp, votre simple relance ayant plus de chances d’être payée, y compris par d’autres joueurs. Isoler un joueur qui relance trop large en début de parole est une des situations les plus profitables que vous pouvez trouver.

Face aux joueurs à votre gauche :

  • Quand il y a déjà plusieurs limpers, font-ils de même ? Relancent-ils pour isoler ? Quel type de mains ont-ils quand ils vont au showdown ? Quand ils payent des relances, à quel point sont-ils accrocheurs ? A ce stade du tournoi, beaucoup de joueurs vont payer des relances pour tenter de toucher quelque chose au flop. Si c’est le cas, ils vont payer pour aller voir une turn et espérer améliorer leur jeu. Vont-ils payer avec leurs mains marginales ou laisser tomber à la turn ou la river ? Voir la différence vous permettra de savoir contre qui vous pourrez miser pour value vos gros jeux et contre qui vous pourrez bluffer. Qu’en est-il si le joueur à votre gauche 3-bet ? S’il va au showdown, dévoile-t-il seulement de grosses mains ou est-il plus light ? Cette information vous permettra de vous adapter face à ses 3-bet !

Si le but est d’accumuler des jetons, la vraie catastrophe en début de tournoi est de perdre tout votre tapis. Vous verrez des joueurs se lancer dans des guéguerres pré-flop et retourner AKo et 88. Ce n’est pas du bon poker deep stack. Il n’est pas question de coucher ces mains, mais il est bon de ne pas se lancer dans des surrelances suicidaires et de jouer des pots de 400 blinds pré-flop. Il y a un vieux dicton qui dit que vous ne pouvez pas gagner le tournoi dans les premiers niveaux, mais vous pouvez le perdre. Gardez ça en tête.

Tout ceci nous amène au dernier point. Les contre-temps de début de tournoi ne sont pas la fin du monde. Vous avez floppé un brelan et perdu la moitié de votre tapis face à une quinte à la river ? OK, reprenez-vous, il reste beaucoup de poker à jouer. Si cette main vous met forcément dans la peau du short stack à la table, comptez combien de blinds il vous reste. Vous aurez encore entre 50 et 100 blinds. Il n’y a aucune raison de paniquer. Si cette perte rapide n’est pas idéale, un tapis de 50 blinds permet encore de jouer du beau poker. Il est vital de ne pas vous lancer dans une course suicidaire pour « vous refaire » rapidement ou de tilter et perdre le reste de votre stack. Restez concentré, jouez votre A-Game. Lors du Main Event des WSOP en 2012, Greg Merson est tombé à moins de 2 blinds lors du Day 5. S’il peut remonter ça et remporter l’un des plus gros tournois de l’histoire, alors vous ne devriez jamais paniquer avec un tapis qui contient 50 blinds.

Quand vous vous lancerez dans le Sunday Special, essayez de garder tout ça en tête. Observez ce que font vos adversaires, réfléchissez à comment exploiter les informations que vous obtenez et trouvez les meilleures situations pour monter des jetons. Protégez votre tapis lors des premiers niveaux, ne cherchez pas à mettre tous vos jetons au milieu dans des situations marginales. Et quand tout ne se passe pas comme prévu, pas de panique. Voyez combien de blinds il vous reste et comment utiliser cette taille de tapis. 50 blinds peut représenter le plus petit tapis à la table, mais ça reste 50 blinds ! Il y a largement de quoi faire.